En plus de projets précis, Prince enregistrait des chansons et instrumentaux à la chaine, seul ou avec son groupe. Il le disait lui-même dans « Daddy Dop » « I got grooves and grooves up on the shelf / deep purple concord jams ». Quelques-uns de ces titres qui ont fini sur les étagères du coffre et dont on ne sait pas vraiment s’ils ont été envisagés pour un artiste ou un album, se retrouvent dans ce « Diamonds And Pearls Super Deluxe ».

Grooves up on the shelf

Lauriann (4’15) – inédit

3 septembre 1990 – Tokyo, Warner Pioneer Studios (Version initiale)
30 décembre 1992 – Paisley Park (réenregistrement)

« Lauriann » a été enregistrée pendant l’étape japonaise du Nude Tour. « Lauriann » est un petit rock sympa comme ceux que Prince a produit aux kilomètres, en particulier dans les années 2000. Jusque-là nous ne connaissions que le nom de la chanson, lorsque Prince a fait déposer la chanson à la Librairie du Congrès (qui est avec l’ASCAP, plus ou moins l’équivalent de la SACEM aux Etats-Unis) sous le nom de « Laurianne ». Une fille de ce nom est remerciée dans le livret de « Diamonds And Pearls », laissant penser qu’il s’agit d’une vraie petite amie de l’époque. On ne sait pas si cette chanson a été envisagée pour un projet particulier, hormis qu’elle a été révisée pour « The Undertaker » en 1993. La version incluse sur le Super Deluxe est légèrement différente de celle qui circule depuis peu.

Darkside (5’33) et Blood On The Sheets (5’46) – inédit

4 septembre 1990 – Tokyo, Warner Pioneer Studios (Darkside)
31 janvier 1991 – Paisley Park (Blood On The Sheets)

« Darkside » et « Blood On The Sheets » sont deux noms différents attribués au même instrumental. Ce morceau a été enregistrée pour la première fois sous le nom « Darkside » pendant l’étape japonaise du Nude Tour (le 4 septembre, en même temps que « Strollin’ », « Willing And Able », « Five Women » et « Money Don’t Matter 2 Night ») avec Levi et Michael B. Quelques mois plus tard, cet instrumental rock est repris sous le nom « Blood On The Sheets » avec Michael B, Levi Seacer Jr, Sonny T, Tommy Barbarella et Kirk Johnson. Le même jour, Prince et son groupe avaient enregistré une série de morceaux dans un registre totalement différent (« Jughead », « Something Funky (This House Comes) », « Hold Me » et la version finale de « Horny Pony »). On ne sait pas si cette chanson a été envisagée pour un projet particulier. La version incluse sur le Super Deluxe est identique à celle qui circule depuis peu. Malgré les grandes qualités de cet instrumental, on ne comprend pas trop l’utilité d’en avoir mis deux versions dans ce coffret.

Alice Through The Looking Glass (4’18) – inédit

28 mai 1991 – Los Angeles, Larrabee Sound Studios

L’existence d’« Alice Through The Looking Glass » était connue sans être connue. Elle était précédemment référencée sous le nom d’ « Alice » sans qu’aucun fan ne l’ait entendue. Lorsque ce nom complet est apparu dans les premières fuites concernant ce Super Deluxe, un rapprochement a été fait avec un morceau chanté par Sheila E. lors de la Célébration de 2002, en première partie d’un concert de Prince. Personne ne connaissait cette chanson et il a été considéré que c’était un morceau composé par Sheila elle-même (car oui, elle peut écrire de très bonnes chansons toute seule). Ce n’est que lors de la mise en ligne de la version princière de ce prototype de « Pheromone » le 24 août que l’on a eu la confirmation qu’il s’agissait bien du même titre qui avait été offert à Sheila E. dans les années 1990.

L’unique album de Sheila E. dans les années 1990, « Sex Cymbal », est sorti le 15 juin 1991. « Alice Through The Looking Glass » ayant été enregistrée à la fin mai 1991, elle ne pouvait être considérée pour « Sex Cymbal ». Sheila a probablement retravaillé la chanson vu qu’elle l’a interprétée à quelques reprises lors de concerts données dans les années 1990 et 2000.

Letter 4 Miles (4’36) – inédit

30 septembre 1991 – Paisley Park (Miles Is Not Dead)
18 février 1992 – Paisley Park (Ajout des cuivres – Letter 4 Miles)

Le 30 septembre 1991, deux jours après la mort de Miles Davis, Prince enregistre avec Michael B. un instrumental qu’il nomme « Miles Is Not Dead ». Les NPG Hornz ajouteront leurs parties de cuivres quelques mois plus tard, le 18 février 1992. « Miles Is Not Dead » est alors rebaptisé « Letter 4 Miles ». La version sans cuivres est connue depuis le milieu des années 1990. La version finale avec les NPG Hornz était inconnue des fans et c’est celle-ci qui a été choisie pour cette sortie.

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’histoire entre Prince et Miles Davis, rendez-vous sur notre article dédié ici.

I Pledge Allegiance To Your Love (4’41) – inédit

1^er octobre 1991 – Paisley Park

Que faisait Prince le 1er octobre 1991, jour de sortie de son album album « Diamonds And Pearls » ? Il fêtait ça en boîte, coupe de champagne à la main ? Des interviews ? Dans des activités promotionnelles ? Rien de tout ça. Il était dans son endroit favori : son studio d’enregistrement de Paisley Park pour travailler encore et toujours.

Les plus anciens se souviennent qu’en 1992, les magazines et fanzines faisaient état de la sortie prochaine d’un album intitulé « Whispers & Echoes ». Parmi les titres censés figurer sur cet album, certains se sont retrouvés sur l’album « Symbol », d’autres sur l’album de Carmen Electra » et une flopée d’autres est restée dans le coffre. « I Pledge Allegiance To Your Love » faisait partie de ces chansons mentionnées, mais à la sortie d’ « Allegiance » offerte à Howard Hewett, on a pensé qu’il s’agissait d’un seul et même titre. Or il s’agit bien de deux chansons complétement différentes, enregistrées ce 1er octobre 1991. « I Pledge Allegiance To Your Love » est un blues, chantée en falsetto, qu’on aurait bien aimé découvrir plus tôt ou voir Prince l’interpréter en concert. Si certains morceaux présents dans ce « Diamonds And Pearls Super Deluxe » peuvent être décevants et nous faire douter de la qualité des chansons qui dorment encore dans le coffre de Paisley Park, cet « I Pledge Allegiance To Your Love » et quelques autres morceaux cités dans nos articles sont la preuve que des joyaux restent encore à découvrir.