David
de
Le Vésinet
Automne 83, j'ai 14 ans, et en aficionado, je suis l'émission Sex Machine des Enfants du Rock. Cette fois ci, assis à mes côtés sur le canapé, ma grand mère est exceptionnellement là . Ma mamie et moi donc, nous regardons sans se parler, un peu gênés, et pendant une dizaine de minutes un homme à moitié nu, attaché sur un lit, fouetté par deux jeunes femmes en lingerie fine (Jill !!..) 'cuz it's AUTomatic too...
Printemps 84, j'entends sur la radio 95.2 l'introduction de guitare de When Doves Cry. Mon big bang intime vient d'avoir lieu. LA révélation. Près de 40 ans plus tard, j'ai découvert et écouté, toujours aussi passionné, des milliers de musiques de tous les continents, toutes les époques. Plus généralement et sans prétention j'espère pouvoir dire que je suis devenu un assez bon connaisseur des arts, ces arts qui sont mon éternel réconfort. Tout est parti de ces notes de guitare, de cette partition que Billy Gibbons avait du mal à maîtriser (pour ceux qui connaissent l'anecdote...Y arrive -t-il aujourd'hui ?). Si Paul Claudel connut sa révélation mystique auprès d'un pilier de Notre Dame, je dois mon entrée en croyance sensitive et artistique à Groucho Business et Chico D'Agneau ! Mais qu'importe le flacon...
Purple Rain le film, le seul que je suis allé voir deux fois en salle. Enfin 3 avec la diffusion aux Fauvettes il y a peu. Un soir où Olympia disait à sa voisine qu'elle le voyait pour la première fois sur grand écran. Mon premier contact avec une « Schkopi star » !
Mars 85, c'est le temps où nous aimons chanter Darling Nikki, à l'arrière du bus qui nous emmène le matin au lycée. RTL retransmet en direct le concert de Syracuse quand entre 3h30 et 4h du matin j'entends Wendy se prendre pour 'Catfish' Collins au début d'Irresistible Bitch. La connexion avec James Brown est faite. Je suis fan de Mr Brown mais là j'ai mon James Brown, celui de mon temps, qui a mes codes, mes repères, mes sons. Je suis fait. Je suis tombé dans le plus doux des labyrinthes, et de toutes les façons je ne veux pas en sortir.
Bien sûr, Août 86, la mélopée d'Around The World In A Day dans l'obscurité du Zénith. IL est là, nous le savons. Encore aujourd'hui, un frisson parcourt mon épine dorsale dès que je pense à la décharge d'adrénaline et d'émotion que mon corps a libérée quand le rideau noir s'est ouvert : « Paris, I think I wanna dance ! ». Les présents se souviennent. Plus, quelques jours après, une visite clandestine de l'appartement Avenue Foch pendant les travaux, mais je ne devrais peut être pas le dire... J'ai longtemps conservé en relique un anneau de tringle à rideau, sans fioriture bois et accroche en plastique blanc, dans le tiroir de ma table de chevet ! Nous faisons avec ce que nous avons.
1987, le New Morning (et j'en veux encore aujourd'hui à la personne qui aurait pu me faire inviter à celui de 86. Je lui rappelle chaque fois que je la croise, et comme elle n'habite pas loin...), le trottoir de ceux qui en sont, et celui de ceux qui n'en sont pas. Et mon pote Yann, et moi même, qui nous « oublions » tels des gamines de 14 ans en pleine Beatlemania 1964 quand Prince monte sur la petite scène afin de tenir le rythme électronique du 6 de Madhouse. Peu importe qu'au passage nous bousculions la probable 'protégée' du moment assise à la table devant nous. Poum.....Poum, Poum, Poum/Poum......Poum.
En 1988, je fais d'un copain de fac à Nanterre, un nouvel 'acquis' à la cause, sa sœur suivra bientôt.
Toutes les années suivront, faites de Bercy (une émotion supplémentaire me revient : 1987 et 15000 personnes dansant sur la simple bande sonore de l'album de Jill Jones (Jill !!...), de Zénith, de Parc des Princes et de Stade de France, de Bataclan, de New Morning, de Rex Club, de Grand Palais, etc.. Une anecdote pour le Bataclan 99, ma femme n'avait jamais vu Prince en concert. Mais fatiguée de patienter dans la rue, elle repartit vers 1 heure du matin m'attendre dans la voiture. A 6 heures, quand je la rejoins après que l'after fut terminé, elle me dit avoir passé sa nuit à répondre à des patrouilles policières qui lui demandaient ce qu'une jeune femme blonde vêtue d'un manteau de fourrure aux motifs léopard pouvait bien faire au milieu de la nuit seule dans sa BMW noire...Elle ne verra jamais un concert de Prince.
2014, pour la première fois, volontairement, je ne vais pas assister au concert du Zénith, n'étant pas du tout convaincu par la proposition 3rdeyegirl. Ce n'est que partie remise, surtout qu'un incroyable et excitant projet Piano & a microphone s'annonce à l'Opéra Garnier ! Les attentats de Novembre 2015, tournée annulée, j'accompagne ma fille aux obsèques d'une de ses amies emportée ce jour là. Mais pour la tournée de Prince, ce n'est sûrement que partie remise !
2016 : 31 janvier, le petit resto grec à St Germain des Prés où j'ai mes habitudes depuis 30 ans ferme ses portes après 90 ans de bons et loyaux services. 25 février, ma femme (où j'ai mes h...non!) me quitte. 21 avril...
2017 le copain de fac dont j'avais fait un fan est devenu réalisateur et il m'invite à participer à son documentaire qui s'appellera « Mon Prince est parti ». J'en profite pour passer une formidable après midi, rencontrer les éminences grises de ce site et surtout, pour moi, égrener les notes de Paisley Park sur le piano du New Morning. Thierry, tu dois avoir les rushes, Paco m'avait filmé à ce moment !! J'appelle Raphael... Raphael, n'étant pas fan des surnoms. Le concert des NPG à Enghien ou j'explique à Thierry que quand on est funky, on fait Ouhyeh OOH ! au début de DMSR (je crois)
et pas Youhh ! comme André Cymone ce soir là. Je rajoute au sujet du documentaire que je suis TRÈS heureux d'avoir suggéré l'idée à Thierry d'interviewer MA pin-up de ma vie estudiantine : Madame Mathilda May (désolé Jill...), rencontrée en bord de Seine pendant une chouette soirée hommage à Prince puis lors de la projection cinéma : ce qu'elle dit sur Prince est touchant de sensibilité, et de surcroît, à mes yeux, elle est encore plus touchante « en vrai » , ai je envie d'écrire. Mais je ne pourrais pas être aussi content que Frédéric Goaty après qu'il ait prêté son téléphone à Madame MAY pour qu'elle puisse appeler son taxi.
Je me souviens de la soirée au Belmont, et cette rousse sensuelle, qui n'était pas Bhan la Rouge, que je regardais se déhancher sur Days Of Wild ou peut être Erotic City. Bon, je l'accorde, elle se déhanchait devant son compagnon mais elle se déhanchait quand même très bien. Mais au crédit de Bhan la Rouge, après l'avoir convaincue de manger un plat chaud à la sortie du concert des Revolution à la Cigale l'an dernier, nous eûmes une conversation très sympa.
Enfin, pour moi le plus touchant de ces souvenirs, concerne la sœur de Thierry, la merveilleuse Pauline. Elle m'avait confié après le décès de Prince dans quelles immenses proportions notre héros avait très fortement impacté ses choix de vie. Pour commémorer cela, je lui avais offert mon vinyl original Purple Rain de 1984 car finalement, pour elle comme pour moi tout avait commencé là. Très symbolique (et prononçable). J'espère qu'il trône aujourd'hui quelque part à New York.
Tout ce long pavé pour déjà vous faire passer le temps avant la soirée hommage, mais aussi pour dire que la musique de Prince, comme probablement beaucoup d'entre nous, aura accompagné chaque recoin de ma vie, dans un dialogue au long cours, et je sais maintenant qu'il en sera ainsi jusqu'au bout. Dans mon affection, aucune autre musique, cet art si intime, ne l'a surpassée. Ni Bach, ni Debussy,, ni Coltrane, ni Miles, ni Dylan ou les Beatles, ni Mr Brown, ni Jimi, ni les maliens ou les éthiopiens, les pakistanais ou les brésiliens, les andalous et tant et tant d'autres. Tous m'apportent du bonheur mais aucun n'a autant rempli mon espace sensoriel et émotif comme Prince et sa musique l'ont fait (avec Bach, cela se joue à peu de choses). Si elle a parfois été bizarrement critiquée pour sa diversité, elle m'a toujours été comprise sans anicroche, naturelle, aussi spontanément naturelle que l'air que je respire, l'eau que je bois, l'amour que je porte à mes filles. Je n'ai pas vraiment eu à me poser de questions : dans mon ressenti, sa musique est. Ainsi que la manière dont j'ai compris l'écosystème qu'il a cherché à mettre en place, si inspirant : essaie, essaie encore, essaie toujours, et si cela ne marche pas, essaie autre chose, mais surtout trouve ton équilibre, ton harmonie. Bon, avec beaucoup moins de talent, il y a beaucoup moins de succès, disons que l'on doit chercher plus dur et plus longtemps, mais c'est un bon viatique pour avancer dans sa vie.
L'avantage de la patine du temps est que tout finit par trouver sa juste valeur, c'est la victoire du savoir faire sur le faire savoir, et aujourd'hui, en reprenant de façon systématique tous les disques, les dvd, les K7 video (et oui!), les enregistrements en tous genres, et en m'amusant à jouer les éditeurs (j'aurai fait ce disque ainsi, les morceaux dans cet ordre là) j'ai un des plus doux et énergisant jeu possible, sans fin, en ces temps de confinement. Où je re-vérifie que certaines œuvres achetées en leur temps car c'était Prince, mais pas forcément le son que j'avais le plus envie d'écouter alors, redéploient encore et toujours autant de fraîcheur et d'idées brillantes et originales, tels arrangements, telles successions de notes. L'ennui ne s'invite jamais.
J'ai eu beaucoup de chance dans ma « vie » de fan, vivant à Paris, dans ma génération, j'ai pu presque tout suivre. Depuis être un des '6000 wonderful parisians' sur l'Album absolu jusqu'à pouvoir lui dire merci dans ce documentaire, je ne suis sevré de rien du tout, je suis plein de tout et je lui dis, très modestement, merci.
Mais grâce à Questlove, ces nuits dernière, j'ai envie de danser, j'ai envie d'apprendre une nouvelle danse. OUI, j'ai éternellement envie d'apprendre cette nouvelle danse : OAK TREE !
He was the beautiful one ( best song ever )
Prince tu seras forever in my life
I miss you
Kiss
RIP
Je ne me suis jamais remis de ce 21 Avril. Je suis toujours sous le choc. Je n’arrive pas à croire que je ne le reverrai plus. L’émotion de l’annonce d’un concert… Émotion unique. Nous ne la vivrons plus. Mon premier souvenir est celui du zénith en 86, son entrée sur scène. Et puis 87, avoir croisé son chemin sur le tournage u got the look, début d’une longue histoire… Le 21 Avril 2016, mes collègues et amis m’ont appelé comme si un membre de la famille était mort. Aujourd’hui, la sonnerie de mon téléphone fixe au bureau est Kiss (mon collègue de l’IT me l’a programmé, sans que je ne demande rien 🙂 Depuis 4 ans, j’écoute la musique de Prince, tous ses fans sont comme des cousins dont je partage le deuil.
Aujourd’hui, 21 Avril, je vais me faire plaisir, écouter sa musique, revoir des images de lui et profiter du meilleur de ce qu’il nous a offert.
PRINCE est le Génie de la Musique pour moi et sa mort ne change rien à l’affaire… LE GENIE !!
La Musique de PRINCE est si riche, A profusion, jusqu’au bout. Toujours innovante, tellement contagieuse. Ma vie est Musique et PRINCE a été présent, tout le long de ma vie et les coffrets post mortem, je les ai acheté et je le ferais encore et encore, pour continuer à découvrir tous ses titres inédits + titres connus mais remastérisés. En quelque sorte, PRINCE n’est pas mort pour moi. J’écoute souvent ses morceaux et je continuerai à le faire. Seul, le manque de concert est criant et PRINCE, c’était aussi les concerts fabuleux. Je me souviendrais, à jamais, de mes 3 concerts de 1992 à la suite à Bercy. Quel pied ! Même le décrié Parc des Princes, était bon pour moi puisque j’étais au premier rang. PRINCE sur scène, c’était MAJESTUEUX. Long et Bon !
Etant en vacances en Floride, le jour du décès de PRINCE. Un déluge à Key West, comme j’en avais -jamais- vu et dans un bar, la télé américaine annonçait le décès du GENIE DE LA MUSIQUE. Clap de Fin